Franco-québécoise, 23 ans, passionnée par le droit. Attendez, il y a plus : Clémence est avant tout passionnée des rapports humains et de la possibilité de consacrer son temps et son regard à l’autre. Et cela ne nous échappe pas en à peine quelques minutes de conversation avec elle.
C’est vendredi. On s’était dit 14 heures dans le Salon Panet-Raymond. Quelques minutes avant, j’ai entendu sa voix qui parlait avec quelqu’un dans le Corrid’art : « je dois me dépêcher car j’ai un entretien pour la MEC ! »
On enregistre !
Je lui demande comment a été le moment où elle a eu la nouvelle de la bourse de la MEC. « Une super nouvelle qui a illuminé toute ma journée, ma semaine et qui illumine jusqu’à aujourd’hui mes jours ! »
Oui, la conversation venait de commencer et elle paraissait déjà être une fille assez lumineuse et positive .
Qui n’a jamais vu un film ou une série qui lui a révélé son destin dans le choix d’une profession spécifique ? Clémence avoue que parmi les raisons pour lesquelles elle a choisi le droit, se trouve la série québécoise Ruptures : réalisée par Mariloup Wolfe et diffusée de 2016 à 2019 sur ICI Radio-Canada Télé. Librement inspirée du parcours de l’avocate Suzanne Pringle, l’intrigue de la série se construit autour de la carrière d’une jeune avocate spécialisée en droit de la famille qui a fondé son propre cabinet.
« J’adorais cette série et son quotidien m’a beaucoup inspiré… Bien sûr que c’est une sérié télé, il se passe toujours plein de choses dans sa vie, il y a plein de rebondissements dans chaque dossier, ce n’est pas la réalité d’une avocate qui pratique le droit de la famille mais l’environnement juridique m’a tout de suite interpelé. »
Après avoir été inspirée par Ruptures (et bien sûr, pour d’autres raisons plus rationnelles), Clémence se lance à son baccalauréat en droit à l’Université de Montréal avec un semestre de mobilité étudiante à l’Université de Louvain-la-Neuve en Belgique. Cette expérience a ouvert ses horizons et a nourri son intérêt d’étudier à l’extérieur.
À Paris depuis septembre, Clémence fait son master en droit de l’homme à l’Université Paris-Panthéon-Assas.
« C’est une superbe expérience ! C’est sûr qu’au début ça m’a vraiment sorti de ma zone de confort. L’enseignement est vraiment différent de celui que j’ai connu au Québec, notamment tout ce qu’est la méthodologie française… »
Mais la méthodologie plus stricte ne l’a pas empêchée de devenir passionnée de son master où elle étudie le droit humanitaire, la justice pénale internationale, le droit de la migration en France et les enjeux sociaux qu’il implique.
« C’est beaucoup de travail, mais c’est passionnant et quand c’est passionnant c’est plus facile de mettre les heures ! »
La passion que Clémence dépose sur chaque expérience qu’elle se propose à vivre est l’un des moteurs du succès de cette jeune canadienne en début de carrière. Avant d’avoir obtenu la bourse de la MEC, elle a obtenu deux autres bourses à l’Université de Montréal. Quand elle est interrogée sur ce sujet, elle dit d’abord : « Oui, je suis chanceuse ! » bien que la chance ne résume pas du tout sa performance : « Je suis assez disciplinée, je travaille beaucoup surtout quand j’aime ce que je fais ! »
Clémence a commencé sa carrière vers ses 18 ans. Son premier travail rémunéré a été dans un organisme sans but lucratif qui se consacrait entre autres au droit lié aux violences conjugales.
Son expérience la plus récente a été dans la rédaction de procédures légales pour des actions collectives dont une action contre les diocèses catholiques au Québec. Clémence a expliqué que les victimes rapportaient des épisodes d’agression sexuelle commis par des responsables de l’église contre des enfants. Selon elle, la plupart des victimes sont actuellement âgées, car les épisodes se sont produits depuis les années 40. Malgré l’écart temporelle, le simple fait de pouvoir exprimer leurs traumatismes après tant d’années est d’une grande importance pour elles.
« C’est comme un processus thérapeutique aussi d’en parler pour une première fois, de faire partie d’un groupe où les autres l’ont aussi subi… »
Clémence a aussi été bénévole à certains projets, dont des projets de vulgarisation de droit. Parmi les projets, elle a participé en tant qu’animatrice du podcast « En délibéré », que vous pouvez découvrir ici :https://cism893.ca/emissions/en-delibere/
Comment elle se voit dans l’avenir ? C’est difficile de répondre à cette question quand la personne concernée a autant d’intérêts (pour ne pas dire de passions). Clémence considère devenir professeur, travailler dans le droit de l’homme, se consacrer aux recherches. Ce sont plusieurs idées, mais une certitude :
« Ce qui est sûr c’est qu’avec les expériences que j’ai eues, j’aimerais vraiment pratiquer dans un domaine où je fais la différence dans la vie d’une personne. J’aime quand il y a un humain devant moi, je pense que j’aurais des difficultés à travailler dans un dossier où il y a des entreprises qui se font face J’ai besoin d’avoir un visage humain devant moi.”
Bon, cela n’est pas difficile à comprendre après la connaître.
En tant que boursière de la MEC, Clémence a organisé des soirées quiz et elle envisage de donner suite au projet. Selon elle, c’est une occasion où les gens peuvent mieux se connaître et où les plus introvertis peuvent aussi trouver sa place.
« Je pense que j’ai une sensibilité particulière aux personnes qui sont plus seules et qui pour plusieurs raisons ont des difficultés à rencontrer des gens, donc je trouve intéressant de pouvoir les inclure… Si je peux faire en sorte que certaines personnes se sentent plus incluses, puis qu’elles rencontrent d’autres personnes par entremise du quiz, je suis contente et je pense que ça remplit l’objectif de ces soirées. »
La conversation ne s’est pas arrêtée là et vous avez plusieurs raisons pour écouter l’entretien complet dans l’audio ci-dessous!