Farid Pesteh : réflexion sur le Dry January

Pendant le Pot de la Directrice, j’ai eu le plaisir de discuter avec Marie du défi/initiative « Dry January » qu’elle a proposé à la Maison le 1er janvier. Nous avons parlé des conséquences de la consommation d’alcool sur le corps, de la façon dont ces conséquences peuvent être plus lourdes pour les femmes (en particulier pour le foie), et du fait que les directives de consommation d’alcool ont récemment changé au Canada. Nous avons réfléchi au rôle de la culture dans la quantité d’alcool que nous consommons et aux avantages de la réduction de la consommation d’alcool .

J’ai également discuté avec quelques amis de ma décision de couper complètement l’alcool (ou toute autre « substance ») de ma vie en 2023. Je l’appelle « mon année de sobriété totale ». On m’a demandé la ou les raisons de cette décision ; s’il s’agit d’une question de religion ou d’un problème de santé. Voici ma réponse après quelques réflexions (et une belle conversation avec ma conjointe) : Je ne suis pas content de la place que l’alcool occupe dans mes amitiés et mes relations avec les gens qui m’entourent. Permettez-moi de m’expliquer.

Il n’y a aucun doute que la suppression de l’alcool a d’énormes avantages pour la santé et la physiologie. On pourrait également avancer un argument « éthique » contre sa consommation ou même dire que c’est mieux pour son portefeuille. Chacune de ces raisons, ou même aucune, sont des arguments valables pour réduire la consommation d’alcool. Mais à vrai dire, ce qui m’a poussé à l’éliminer de ma vie, c’est le fait que tant de nos rencontres et interactions sociales tournent autour d’un verre d’alcool. Parfois, je me suis demandé pourquoi, si souvent, les propositions de retrouver un ami se traduisent par des phrases proposant de « prendre un verre un jour » (et toujours avec la connotation d’une boisson alcoolisée).

J’ai commencé à me demander pourquoi mes amitiés et mes interactions avec les autres devaient en quelque sorte être filtrées par un « prisme » de verre contenant de l’alcool. Je me demande parfois : ces amitiés tiendraient-elles toujours et continueraient-elles si ce verre n’était pas entre nous ? Où nous retrouverions-nous pour discuter si ce n’était pas dans ce bar ? Et nous sentirions-nous toujours à l’aise en présence de l’autre, en absence de ce verre ?

Même si nous contrôlons notre consommation d’alcool et que nous ne sommes jamais ivres ou même « pompettes », il semble que beaucoup d’entre nous aient encore besoin de ce verre comme d’un repère social pour faire savoir aux autres que nous pouvons avoir une conversation un peu plus honnête, et que nous pouvons être un peu plus vulnérables les uns envers les autres. Ces interrogations m’ont rendu un peu triste, mais aussi curieux de voir à quel point je peux être honnête et vulnérable – entre amis ou lors de rencontres avec des inconnus – sans avoir cette » petite habitude confortable » dans laquelle me plonger (« alcool »).

Pour faire court, j’ai décidé d’éliminer complètement l’alcool de ma vie afin de trouver d’autres moyens de me rapprocher de mes amis et de mes proches. Et pour trouver d’autres moyens de m’amuser.

À la vôtre (avec une tasse de thé, bien sûr),

Farid